Du 21 au 24 novembre, à Brest, la 7e édition du
festival Invisible, ce festival défricheur et bricoleur, propose des
soirées-concerts pleines d’expériences sonores et sensorielles inédites.
Entretien avec Arnaud Le Gouëfflec, créateur du Festival Invisible.
Décrivez-nous les principes du festival Invisible.
Le
festival Invisible, c’est un oxymore, cette figure de style qui
télescope deux contraires pour en faire jaillir la lumière ! Ce paradoxe
est en lien avec les artistes invités. Ils ne sont pas forcément
inconnus ou obscurs, mais ils sont invisibles dans les circuits
commerciaux. Entre la première édition, imaginée avec ma femme, Maëlle,
et cette septième, le festival Invisible est devenu une aventure
collective. Outre l’armée de bénévoles, on est cinq à concocter la
programmation, qui doit plaire aux cinq. Ça évite de tourner en rond.
Tous les groupes, bricolos ou décalés, de l’affiche, nous les avons
découverts cette année. Logique, puisque le festival Invisible parie sur
la curiosité du public.
La particularité de cette 7e édition, c’est aussi qu’elle correspond aux dix ans du label finistérien L’Église de la Petite Folie…
Le label L’Église de la Petite Folie,
une coopérative artistique, est à l’origine du festival Invisible et de
disques beaux, rares, aux packagings faits main, souvent rehaussés de
dessins, de collages et autres curiosités. On y trouve des artistes
comme Chapi Chapo, la Boîte à ooTi et John Trap, avec lequel j’ai aussi
conçu l’album Soleil Serpent, de la chanson française pétrie
d’influences ethniques. On fête nos dix ans d’activisme et on présente
les dernières productions du label en organisant une soirée-concert, le
jeudi 22 novembre au Vauban. Où l’on jouera L’amour élastique, du rock
garage furieux, né de ma rencontre avec les Rennais Jorge Bernstein and The Pioupioufuckers, agrémenté de la présence de Rotor Jambreks, avec lequel on produit l’album Mauve.
On y a invité d’autres labels indépendants et souterrains comme Les
Disques Biens, qui abrite les chansonniers français les plus dingues. On
y écoutera aussi Pan and Me, le projet de Christophe Mével et Cyril
Pansal, la bande-son d’un film inexistant.
Outre son concert du 22, Emmanuelle Parrenin
anime des ateliers musique et santé pour le festival Invisible. Devenue
sourde en 1989, cette artiste folk a retrouvé l’ouïe grâce à la
musicothérapie…
Un cauchemar pour une musicienne.
Elle a repris la musique sans entendre. Emmanuelle Parrenin a appris à
mettre en résonance son corps, le son de sa voix et de ses instruments.
Ces vibrations lui ont permis de stimuler ses zones endormies. Puis,
passée musicothérapeute, elle est revenue en 2011 avec Maison Cube, un
disque qui sonne comme aucun autre.
Présentez-nous d’autres artistes à l’affiche des 23 et 24 à la Carène…
Dans la lignée des Cramps, Chain and The Gang, le nouveau projet, mortel, de l’immense performer Ian Svenonious, une bête de scène sauvage et ultracultivée. Le Lydia Lunch’s Putan Club, le combo artistiquement interactif de la sulfureuse poétesse-écrivaine-chanteuse Lydia Lunch. Feromil, qui a troqué son violon contre un détecteur de métaux branché sur un ampli. Et le projet si étrange des Secret Chiefs 3,
teinté d’influences religieuses et chamaniques. Son instigateur, Trey
Spuance, est toujours vêtu d’une robe de moine. Les Secret Chiefs 3,
maîtres invisibles de l’univers, sont tous encapuchonnés pour mieux se
concentrer. Transcendental.
Recueilli par Frédérique GUIZIOU.
Du mardi 21 au samedi 24 novembre, le Festival Invisible, à la Carène,
au Vauban, à la Petite Librairie, au Mc Guigan’s et à La Minuscule,
Brest. Concerts, pièces, rencontres et happenings gratuits ou payants de
12 à 16 €. Pass 3 jours 30 €. Infos sur www.festivalinvisible.com
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